Jeannin, en 1947, est le premier scientifique à souligner que trois tendances dominent la vie psychique des éléphants : ils sont intelligents, sociables et portés plus que les autres mammifères à des sentiments familiaux.(3)
Une famille d’éléphants est dirigée par une matriarche, l’éléphante la plus âgée et la plus expérimentée du troupeau. La société matriarcale s’articule autour de ses filles, de ses demi-soeurs et de leurs enfants.
L’unité familiale de base compte de six à douze membres. Un ou deux mâles adultes peuvent être de passage ou rester en périphérie du groupe. C’est ce contact étroit et ces échanges constants qui permettent au reste des éléphants d’acquérir les connaissances qui leur sont nécessaires.
Les jeunes éléphants mâles grandissent au sein de la société des femelles. Ils participent aux nombreux événements sociaux qui affectent leur famille, bien qu’avec un moindre intérêt que leurs soeurs du même âge.
Les adolescents quittent leur famille natale entre 9 et 18 ans – un processus long et difficile qui peut prendre de un à quatre ans. Ils doivent alors apprendre une série de nouvelles règles fondées sur le rang et la force de chacun des autres mâles des environs. Le passage de l’univers douillet de la famille maternelle à cette société plus dure se fait donc progressivement, sur une période de huit ans ou plus.
Les mâles adultes devenus indépendants se déplacent en petits groupes d’amis, cependant moins liés que les femelles. Pendant les périodes sexuellement actives, ils se déplacent d’un groupe familial à l’autre à la recherche de femelles réceptives. Les interactions avec les membres de leur propre famille sont douces et courtoises, mais rarement plus. Une fois qu’un mâle a localisé une femelle réceptive et qu’il a pu écarter ses rivaux, il restera à ses côtés deux ou trois jours avant d’en chercher une autre.
Même lorsque les familles se scindent et se séparent, elles gardent des contacts étroits. Cela inclut notamment le fait de voyager ensemble sur de longues distances. Ces groupes liés ont été nommés « bond groups » par Joyce Poole et Cynthia Moss. Ces bond groups forment eux-mêmes des unités plus vastes nommées « clans ».
Après un certain laps de temps déterminé par des influences environnementales et sociales, une partie du groupe se séparera pour former une nouvelle famille. La cause peut en être des tensions au sein du groupe entre deux individus, ou bien des ressources en diminution. Lorsqu’une matriarche meurt, c’est le plus souvent l’une de ses descendantes parmi les plus âgées et les plus expérimentées qui guidera le groupe.(4)